• Non classé

Messe commémorative du 8 mai 1945 à  Crécy

Ce lundi 8 mai, nos deux prêtres Mathias et Antoine ont concélébré cette remarquable messe du souvenir de la libération de la France en l’église st Georges de Crécy. Vous trouverez en pièces jointes en image les principaux moments de cette belle journée placée sous le signe de la Paix. Pour ceux qui n’étaient présents à  la cérémonie religieuse, retrouvez ci-après la très belle homélie du jour qui a été prononcée par le père Antoine.

Nous commémorons la fin de la grande guerre. Avec notre Maire de Crécy, ici présente, et vous tous ici rassemblés, nous voulons faire mémoire mais aussi prier pour la paix dans le monde à partir de cette parole centrale de l’Evangile.

« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, mon Père l’aimera, nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure ». Ces paroles que nous avons entendues de l’Evangile sont tirées du discours d’adieu de Jésus à ses disciples, le Jeudi saint. L’heure est grave. L’ambiance est à l’angoisse. Il ne reste plus que quelques heures avant qu’il ne soit livré. Jésus le sait. Alors, il donne l’essentiel de son enseignement. Chaque mot pèse de tout son poids, car ce sont les derniers, ce qui explique la densité de ce passage. On dirait un testament !

D’un côté, il y a l’amour que nous les hommes nous pouvons porter au Christ. Aimer Jésus, c’est contempler ce qu’il a fait, c’est nous laisser saisir par ce qu’il nous dit par les évangiles, c’est aussi protéger sa parole, et pour qu’une parole soit protégée, elle doit être transmise à d’autres, comme nous désirons transmettre chaque année, la mémoire de nos vaillants combattants. Par amour pour la France, ils ont renoncé à leurs vies, pour l’honneur de leur pays et des générations à venir. C’est cette gratuité de vies que nous retrouvons dans la première lecture quand Paul et Barnabé vont faire du bien à l’infirme sans rien attendre de retour. Oui, les actes de nos combattants et ceux des apôtres dépassent les contours de notre propre vie et de notre propre temps.

De l’autre côté, aimer Jésus, c’est aimer Dieu, c’est l’accueillir pour qu’ils fassent en nous leur demeure. Oui, nous sommes le sanctuaire de Dieu, nous sommes le temple de Dieu comme le dit bien saint Paul. Et même si cela nous dépasse complétement, c’est bien cela qui nous est dit : Dieu, si nous l’acceptons, peut s’installer en nous et faire de notre être sa demeure sacrée. Nous sommes sacrés et le monde qui nous est donné est sacré. Tout homme ici ou ailleurs est sacré, et cette sacralité, comme la parole de Dieu, ne peut être préservée qu’en étant partagée largement à tous. C’est cela que nous voulons aussi dire au monde en célébrant cette mémoire. Nous le redisons à haute voix à tous ceux qui de loin ou de près sacrifient des vies humaines pour leurs intérêts égoïstes.

Chers soeurs et frères, de nombreux observateurs décrivent notre temps comme un temps de crises multiples : crise écologique, climatique, crise des régimes politiques, crise de nos démocraties. A cela, nous pouvons rajouter, pour nous catholiques, la crise de notre institution. Mais quel est notre devoir face à ces crises ? De nous asseoir et de dire que l’on n’y peut pas grand-chose ? De dire que cela s’arrangera tout seul ? De dire que d’autres plus intelligents que nous vont agir ? Ou pire, dire que tout est pourri, que tout est foutu ?

Non ! Notre devoir est de nous laisser habiter par la parole de Dieu. Et cette parole nous dit que nous avons un rôle essentiel à jouer pour que le sanctuaire qu’est l’homme soit respecté. C’est pour cela qu’il nous faut être attentif à la justice climatique, économique et sociale. Laisser Dieu habiter en nous, c’est agir continuellement et intelligemment pour le bien de l’homme, sanctuaire de Dieu, héritier et responsable de la création de Dieu.

En effet, Jésus n’est donc plus là physiquement présent avec nous comme avant, mais il demeure en celui qui l’aime grâce à l’Esprit Saint. C’est l’Esprit saint qui nous unis au Père et au Fils, dans un souvenir qui ne renvoie pas au passé, mais qui rend sa parole toujours d’actualité. Permettez-moi de dire aujourd’hui que la France, fille a înée de l’Eglise, doit demeurer la France de la joie pascale et de ses promesses de résurrection. Ne nous laissons donc pas abattre par les conjonctures difficiles et les temps mauvais. A la suite de la pucelle d’Orléans, Jeanne d’Arc, honoré aussi le 8 mai et cela depuis 1429, prions saint Michel archange à qui Dieu a donné le pouvoir extraordinaire de faire incliner la balance du bon côté, même dans les pires combats.
Aujourd’hui, rappelons-nous ces femmes et ces hommes qui ont participé à la campagne de la France, à sa libération et qui continuent par leurs exemples à inspirer des générations soucieux de l’avenir de leur pays.

Ce matin, chacun pourrait se poser cette question : 78 années après, qui parlera de moi, de quoi parlera-t-il ? Le pape François disait : « Nous ne sommes pas venus dans le monde pour nous asseoir dans un canapé, nous sommes venus dans le monde pour poser une empreinte, quelque chose qui demeurera dans la mémoire des générations futures ».

Qu’en cette mémoire, tous, autorités et parents, résidents ou visiteurs de la France, nous nous sentions appelés à travailler pour une bonne éducation de la jeunesse. Car, comme aimait le rappeler Nelson Mandela, l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde. La mémoire de tous ces combattants ne doit pas être un simple souvenir, elle doit être pour nous un appel à la vigilance et à l’engagement pour la paix, la liberté et l’unité, car tout est encore fragile. Alors, que chacun de nous s’investisse dans son projet, dans ce qu’il fait et que la Sainte Trinité qui désire habiter en nous y aide. Amen.






Vous aimerez aussi...