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Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 12 1-12 suivi du commentaire du Père Thierry Leroy

Six jours avant la P que,
Jésus vint à  Béthanie où habitait Lazare,
qu’il avait réveillé d’entre les morts.
On donna un repas en l’honneur de Jésus.
Marthe faisait le service,
Lazare était parmi les convives avec Jésus.

Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur
et de très grande valeur ;
elle répandit le parfum sur les pieds de Jésus,
qu’elle essuya avec ses cheveux ;
la maison fut remplie de l’odeur du parfum.
Judas Iscariote, l’un de ses disciples,
celui qui allait le livrer,
dit alors :
« Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum
pour trois cents pièces d’argent,
que l’on aurait données à  des pauvres ? »
Il parla ainsi, non par souci des pauvres,
mais parce que c’était un voleur :
comme il tenait la bourse commune,
il prenait ce que l’on y mettait.
Jésus lui dit :
« Laisse-la observer cet usage
en vue du jour de mon ensevelissement !
Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous,
mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. »

Or, une grande foule de Juifs apprit que Jésus était là ,
et ils arrivèrent, non seulement à  cause de Jésus,
mais aussi pour voir ce Lazare
qu’il avait réveillé d’entre les morts.
Les grands prêtres décidèrent alors
de tuer aussi Lazare,
parce que beaucoup de Juifs, à  cause de lui, s’en allaient, et croyaient en Jésus.

COMMENTAIRE D’EVANGILE

Une femme, Marie, soeur de Lazare pose des gestes qui ne sont pas permis en public, avec un parfum fort coûteux. En accomplissant cela, elle est étonnamment et intimement proche de son ami et Seigneur, et en même temps elle agit en prophète. « Laisse-la observer cet usage en vue de mon ensevelissement » dit Jésus a celui qui recrimine. Elle prophétise la mort de Jésus.

Dans le récit parallèle de l’Evangile selon saint Matthieu, Jésus ajoute avec emphase, comme à chaque fois qu’il dispense un enseignement très important :  » AMEN, JE VOUS LE DIS, partout cet évangile sera proclamé – dans le monde entier- on racontera aussi en souvenir d’elle ce qu’elle vient de faire. »(Mt 26, 13). Des théologiens affirment que cette phrase de Jésus est suffisante pour constituer un ministère ecclésial, prophétique et diaconal. (Yves Congar en son temps par exemple).Comment se fait-il que cette « petite phrase » soit si peu connue et si peu commentée ?
Il faudrait être aveugle pour minimiser ce que Jésus lui-même voit, où y voir un simple geste de tendresse. Et finalement ne pas reconna ître que Jésus parle de cette femme comme d’une prophétesse. Au service d’un Essentiel, le coeur de la foi chrétienne :

Pour nos péchés Jésus est mort, et il est ressuscité pour que nous ayons la vie.

Une femme, une amie dont on sait qu’elle aimait rester assise à ses pieds pour écouter ses enseignements (Luc 10, 38…) est reconnue par Jésus comme prophétesse de sa mort et de son ensevelissement !

Les Douze, ces hommes qui pourtant ont entendu par trois fois Jésus annoncer sa mort et sa résurrection, refusent cette réalité, ils se cabrent. Nous savons comment Jésus a traité le bon Saint-Pierre lorsque celui-ci a refusé ces paroles : « Arrière Satan. »
Dans l’Evangile qui nous est exposé aujourd’hui, aucun de ces apôtres ne vient contester le murmure de Judas, qui est une caricature de ce que seront la plupart des apôtres au moment de la Passion de Jésus : veules, faibles, absents, et la caricature de certains potentats d’Eglise dans son Histoire : hypocrites.

Mais revenons au coeur : aucune parole de la part de Marie mais un acte, et un acte qui remplit toute la maison de son parfum prophétique.
A la façon de certains prophètes de l’Ancien Testament, (Ezéchiel et le rouleau mangé, Ahias et son manteau déchiré en douze, Elisée et ses flèches, Isaie nu et déchaussé, Jérémie et le potier, Osée et sa femme…), Marie de Béthanie accomplit les gestes d’une réalité très humaine, très intime, pour accomplir un saut dans la Réalité divine.

La foi de l’Eglise est ancrée sur la foi des apôtres, « revenus » après la résurrection de Jésus et affermie par le don de l’Esprit Saint c’est évident. Mais…
Mais n’oublions pas, et que les responsables masculins de l’Eglise parmi lesquels je suis, n’oublient jamais, que notre foi est aussi ancrée sur le témoignage de Marie-Madeleine, première annonciatrice de la Résurrection, « Apôtre des apôtres » comme le disent nos frères et soeur d’Orient. Et que notre foi s’ancre dans le geste prophétique d’une autre Marie, soeur de ce Lazare que Jésus a réveillé des morts quelques jours avant.

Lundi saint
Père Thierry Leroy

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