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Garaison: la Vierge est apparue trois fois

Je rentre de mes Pyrénées natales où j’ai passé de délicieuses vacances et je ne peux m’empêcher de vous donner quelques nouvelles de Notre-Dame de Garaison. Garaison, c’est ce lieu unique, à  la fois cette institution où j’ai passé le bac et cette fontaine miraculeuse devant laquelle la Vierge Marie a dit: « Ici, je répandrai mes dons ». Je vous parle de Garaison car beaucoup d’entre vous, et notamment vous, chers amis de l’Hospitalité diocésaine de Meaux, connaissez cet endroit pour y avoir passé une journée entière de pèlerinage, l’année dernière. Je me permets donc de vous donner quelques nouvelles du Sanctuaire qui se prépare à  vivre l’an prochain, le 500ème anniversaire des apparitions de la Vierge Marie à  la petite bergère Anglèse de Sagazan, en 1515, à  Monléon-Magnoac (65). Et pour tous ceux qui veulent en savoir plus, je vous conterai dans cet article l’histoire méconnue de ce merveilleux sanctuaire marial pyrénéen.

Le sanctuaire de Notre-Dame de Garaison est situé au nord-est du département des Hautes-Pyrénées (65), à la limite de la Haute-Garonne (31), à quelques kilomètres du Gers (32). Jusqu’à la Révolution, Garaison, hameau de Monléon-Magnoac, appartenait au diocèse d’Auch et au Pays des Quatre Vallées, entre la Bigorre et le Comminges. Le Magnoac était l’une de ces vallées dont la partie méridionale s’étendait sur une vaste lande de fougères et d’ajoncs, propice à l’élevage des brebis.

Aujourd’hui, sur cette terre, le collège Notre-Dame de Garaison (car Garaison est aussi un établissement scolaire reconnu) accueille pour leurs études les jeunes du Plateau de Lannemezan (dont je faisais partie), de Midi-Pyrénées et d’Aquitaine. Mas, avant que ne soit entreprise la construction de ce collège dont les premiers locaux furent ouverts en 1841, s’étaient produits à Garaison, des évènements extraordinaires.

Une dame apparut trois fois
Au début du XVIème siècle, y vivait la famille de Sagazan. Cette famille portait, à la mode pyrénéenne, le nom de sa maison. Cela lui donnait un titre nobiliaire. En réalité, de condition modeste. Une sorte de cadastre lui attribue tout juste quelques lopins de terre. Le père, Guillaume de Sagazan, avait au moins une fille, issue d’un premier mariage, qui se prénommait Anglèse, dont on ne sait rien de l’enfance mais qui, à en croire les historiens, était « ignorante », douée d’un clair bon sens, toute simple, droite et pieuse, incapable de mentir, aimant à répéter les quelques prières qu’elle connaissait, ne parlant que le gascon (patois local).

Entre 1510 et 1520, dans la lande de Garaison, se produisit un évènement qui allait bouleverser la vie de ce petit hameau et dont le témoin principal fut précisément Anglèse.
« C’était, rapporte le P.A Larrouy, une de ces années de disette fréquentes à cette époque, au printemps. Munie par son père ou sa belle-mère d’un morceau de grossier pain noir, la bergère gardait le petit troupeau de la famille à travers la lande. A trois cents mètres environ de la maisonnette, à mi-pente du coteau de l’Ouest, une source qu’ombrageait une aubépine en fleur, jaillissait au milieu des broussailles, où elle ouvrait une clairière. L’enfant était là quand, tout à coup, environnée sans doute d’une douce lumière, une Dame parut devant elle, vêtue de blanc, souriante, affable et, là aussi, « belle, belle … plus que tout suivant le mot de Bernadette.«  Ne craignez rien, dit-elle à la bergère saisie. Je suis la Vierge Marie, Mère de Dieu. Mais allez dire à votre père d’avertir le recteur de Monléon qu’il doit bâtir ici une chapelle, car j’ai choisi ce lieu et j’y répandrai mes dons ‘’. Bientôt, l’enfant ne la vit plus. »
Le père se rendit à Monléon. « Comme il venait sans preuve, il dut s’en retourner sans effet.» Le lendemain, nouvelle apparition au même endroit et nouvelle demande de la Vierge à la bergère. Nouveau doute, même de la part du recteur, pourtant à demi ébranlé.

Bas-relief doré représentant la 3e apparition de la Vierge à Anglèse de Sagazan

Laissons au P. Larrouy le soin de rapporter, en historien qu’il était, la suite : « En quelques heures, la nouvelle ce ces faits extraordinaires avait circulé et mis en émoi le voisinage. Aussi le lendemain, jour de samedi, plusieurs personnes se trouvaient-elles près d’Anglèse, entre autres ses parents, quand la dame se présenta de nouveau, visible pour l’enfant seule, mais tous entendirent sa voix. Aux exigences du recteur, la Vierge répondit : « Cherchez dans votre panetière, et chez vous dans le coffre du pain. » Le petit sac, qui ne contenait auparavant qu’un morceau de pain noir, était rempli de beau pain blanc, et de même le coffre dans la pauvre maisonnette. »
Les personnes présentes courent aussitôt vers Monléon, parlent aux consuls leur donnent des preuves palpables du double miracle qui vient de s’opérer. Toute la ville est en émoi. Les prêtres revêtent leurs ornements de fête ; les consuls suivent le clergé ; le peuple accourt en foule… Une bonne lieue, soit plus de cinq kilomètres, séparent Monléon du val de Garaison. Au milieu des cantiques et des prières, une croix est plantée sur le lieu même des apparitions.

La dévotion augmente…
« Bientôt, après, nous est-il expliqué, les miracles ordinaires et les guérisons soudaines et fréquentes qui se faisaient à cette fontaine y attirèrent un grand concours de fidèles. Comme la dévotion augmentait de jour en jour, on y éleva provisoirement une petite chapelle. Puis on y bâtit, l’église voûtée qu’on y voit aujourd’hui. »
Le ma ître-autel fut élevé à l’endroit même de l’apparition au-dessus de la source qu’il fallut dévier. Jusqu’à la Révolution, la chapelle fut un lieu de pèlerinage très fréquenté à certaines époques, moins à d’autres : les aléas de l’Histoire, ou de la vie tout court. Son clocher se dresse, nous le voyons, au milieu des bâtiments du collège et du sanctuaire. Elle est le coeur et l’âme de l’ensemble.
Avant de la visiter et d’y prier, un mot sur son passé. Un mot aussi, pour commencer, sur Anglèse, la jeune bergère. Qu’est devenue Anglèse après les apparitions ? Le P. René Point apporte la réponse : « Comme elle avait demandé son admission au monastère cistercien de Fabas, situé à 40 kilomètres de Garaison, les consuls de Monléon promirent de lui fournir une dot sur les offrandes de la chapelle. » Elle fut admise comme novice, puis comme soeur converse, peut-être même comme soeur de choeur, suivant le titre que lui donne le nécrologue e l’abbaye : « Dame Anglèse de Sagazan qui fut la bergère à qui la Sainte Vierge parla au lieu où est présentement la chapelle de Garaison, mourut le 30 décembre 1582. »

La chapelle, ses peintures, son retable
Franchissons le portail qui permet d’accéder à la cour d’honneur. De style jésuite, il a été réalisé vers 1639 par un artiste d’Auch nommé de Falga et récemment restauré. Il est surmonté d’une statue en pierre de Notre-Dame des Douleurs. On peut lire l’inscription : « Ad te domina oculi notri »â€¦ Vers Toi, Notre-Dame, s’élèvent nos yeux.

Une fois dans la cour, nos regards sont attirés par la façade de la chapelle. Etonnante façade, de style jésuite également, surmonté du clocheton de l’horloge et du carillon.

En haut de la façade, un bas-relief en terre cuite évoque l’apparition de Marie à Anglèse, avec l’inscription : « Ici, je répandrai mes dons ». Au-dessus de l’apparition, dans un médaillon, les paroles du Christ à saint jean : « Ecce mater tua ». Au centre de la façade, nous voyons une statue de Marie, couronnée d’étoiles, bras croisés sur la poitrine, et, de part et d’autre de la port, deux niches avec des parents de la Sainte vierge : Joachim et Anne. Au-dessus de la porte, dans un cintre, voici la Vierge avec l’enfant-Jésus. Autour d’elle, on distingue un pèlerin priant à genoux, une femme avec un chapelet.

Intérieur de la chapelle du sanctuaire de Notre-Dame de Garaison lors de la visite de l’Hospitalité de Meaux (pèlerinage 2013)

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